De la volonté de faire exister d’autres idées

Avant d’exister, une idée est d’abord une intuition, un faisceau d’indices, un éparpillement de fragments qu’il faut commencer par relever, par lister, par collecter. Il s’agit ensuite de faire parler les indices, c’est-à-dire de choisir quels fragments regrouper, de sélectionner quels faisceaux relier. Puis il faut décider quelle direction emprunter, quelle pensée faire cheminer et imaginer de quelle façon formuler cette idée. Sans l’avoir tout à fait réalisé, on empreinte un chemin, on façonne une image, on fait forme d’une idée, presque.

Si l’idée est sur le point d’exister, ses contours restent encore à tracer de façon visible pour l’exprimer. Les inscrire, c’est lui permettre d’être portée au regard de l’autre et de devenir une information, un savoir, un récit, à transmettre.

D’autres idées, ce sont des idées nouvelles, souvent associées aux termes connotés de visions alternatives, de perceptions utopiques ou en marge. Mais ce sont en fait des idées issues de regards différents sur le monde, tout simplement.

Dans la volonté d’exprimer d’autres regards, réside déjà l’intention de montrer par d’autres représentations. Cette volonté est celle-là même du design graphique.

En commençant par être un dialogue, le premier geste du design graphique est de libérer cette intention. Sa pratique par la recherche et l’expérimentation permet de faire émerger des vocabulaires de formes et de signes à même de faire exister ces perceptions, et donc de donner accès à ces représentations.

Cette pratique en appelle entre autres et selon les besoins à enquêter, documenter, raconter,
s’affranchir des héritages, des modes, des normes et des préconceptions esthétiques et culturelles,
questionner les moyens employés en fonction du contexte,
se réapproprier les outils, les détourner, les adapter,
partager les réalités, faire coexister les points de vue, faire affleurer les survivances, multiplier les identités, diversifier les récits…

Je mets en œuvre cette pratique par la recherche et l’expérimentation, en articulant les rapports de tension que provoque le montage du texte et de l’image matérialisés dans l’espace de la page, de l’écran et du corps, notamment et selon les sujets. Les formes d’expression visuelles qui en découlent sont l’aboutissement de la réflexion, de la curiosité, de l’échange et de l’implication conjuguées.

Je m’intéresse à faire exister toutes idées, qu’elles soient le fruit d’activités de commande, de résidence, d’enseignement ou de recherche. Dès lors que chacune est un lieu potentiel de rencontres d’autres lectures du monde, donc un terrain propice à créer pour et avec le dialogue.

Je suis disponible pour toute question/ discussion/ proposition/ collaboration. N’hésitez pas à m’écrire ou m’appeler pour en parler, pourquoi pas autour d’un café.